La biopsie prostatique

La biopsie de prostate est le seul moyen permettant d’établir avec certitude le diagnostic de cancer de la prostate.

Dans quels cas réalise-t-on une  biopsie ?

Une biopsie prostatique est indiquée chaque fois qu’il existe un doute sur la présence d’un cancer. Une biopsie prostatique n’est jamais réalisée à la légère et son indication dépend soit d’une anomalie de l’examen physique de la prostate (nodule au toucher rectal) , soit d’une anomalie du PSA, soit enfin d’une anomalie radiologique (IRM principalement).

Réalisation et déroulement technique

La biopsie de prostate est un examen technique qui se déroule sous anesthésie locale et sous contrôle d’une échographie.

Une sonde d’échographie spéciale est introduite par voie endo rectale (anale). La prostate est au contact immédiat de la paroi antérieure du rectum. Le principe de la biopsie est de prélever un échantillon (carotte) en traversant la paroi du rectum pour atteindre la prostate.

La prostate aura été préalablement insensibilisée par une infiltration d’anesthésie locale selon un principe tout à fait comparable à celle utilisée pour les soins dentaires. L’anesthésie obtenue est immédiate et très efficace. Les prélèvements de la biopsie sont alors quasi indolores. On réalise le plus souvent entre 12 et 15 prélèvements répartis sur la totalité de la prostate pour réaliser une véritable cartographie prostatique.

 Le diamètre de chaque prélèvement est inférieur à 1 mm. Le prélèvement se fait à l’aide d’une aiguille spéciale actionnée par un système mécanique le prélèvement est  quasi instantané.

Chaque prélèvement est répertorié précisément pour l’établissement de la cartographie prostatique. On pourra ainsi déterminer précisément la localisation du cancer.

La préparation spécifique :

Il est nécessaire d’effectuer une préparation de façon à diminuer le risque infectieux lié à la biopsie.

L’urologue demande un examen bactérien des urines quelques jours avant la biopsie. Un antibiotique spécifique et prescrit quelques heures avant la réalisation de la biopsie ainsi qu’un lavement du rectum dont  la réalisation est très simple. S’agissant d’un geste technique, un document d’information et de consentement vous aura été préalablement remis.

L’interprétation des résultats :

Le résultat de la biopsie est généralement obtenu quelques jours après sa réalisation. Les résultats attendus sont d’abord le diagnostic du cancer et deuxièmement sa cartographie précise.

Ces deux points  sont tout à fait fondamentaux.

• Établir le diagnostic du cancer

Aujourd’hui les médecins anatomopathologistes donnent des résultats très sûrs . La certitude du diagnostic de cancer repose sur plusieurs méthodes d’analyse qui se complète,et on peut établir le diagnostic de cancer même sur de très petits fragments de l’ordre du millimètre.

• Le type de cancer et sa cartographie précise

Chaque prélèvement aura été répertoriés de façon précise correspondant à une zone spécifique de la prostate pour établir une cartographie très précise. 12 à 15 prélèvements auront été effectués les prélèvements sont classés en fonction de leur zone géographique sur la prostate. On regarde sur chaque prélèvement la longueur occupée par le cancer. On regarde également l’agressivité des cellules cancéreuses. Cela donne lieu à une classification d’agressivité ( score de gleason)

Un cancer n’est jamais représenté par un seul type de cellules ; il y a souvent plusieurs populations cellulaires. Le principe du score de gleason et de répertorier les deux populations cellulaires majoritaire. Chaque population cellulaire reçoit un chiffre : 3, 4ou 5, par ordre croissant de agressivité.

Puisque l’on regarde les deux populations cellulaires majoritaire le score de Gleason comporte deux chiffres qui s’additionnent.

Prenons deux  exemples:

  • Une biopsie (comportant 12 prélèvements) présente 80% de prélèvements de grade 3 et 20 % de prélèvements de grade 4 . Le score de Gleason sera de :3+ 4
  • Une autre biopsie Présente 70 % de prélèvement de grade 4 et 30 pour cent de prélèvement de grade 3 le score de Gleason  sera de 4 + 3

Ainsi en faisant varier les deux chiffres du score de Gleason, celui-ci peut aller de 6 à 10.

Un cancer de score de Gleason 6 (3+3) présente un score cellulaire d’agressivité basse inversement à l’autre extrémité un cancer  de score de gleason 10 (5+5) représente une haute agressivité.

Il n’y a donc pas un seul cancer de prostate mais plusieurs types de cancer de prostate.

Leur classement se fait en fonction du score de Gleason et du volume tumoral apprécié entre autres par le nombre de carottes positives. La plupart des classification internationales regroupent l’ensemble des cancers dans trois catégories différentes ceux à faible potentiel d’évolution ceux à potentiel intermédiaire et ceux à haut potentiel.

On comprend ainsi que la biopsie prostatique est une étape essentielle pour le diagnostic et la caractérisation du  cancer de la prostate.

Les risques éventuels de la biopsie

Une question qui est souvent posée aux urologues est le risque d’une dissémination tumorale lors de la réalisation des biopsies. Cette question peut être clairement tranchée. Aucune étude scientifique n’a mis en évidence de risque de dissémination après ta réalisation d’une biopsie prostatique.

Les deux risques sont :

  • • Un risque de saignement significatif après la biopsie. C’est un risque très faible. Il est cependant habituel d’observer un petit saignement dans les urines ou dans les selles dans les 24 heures qui suivent la biopsie. Le patient est prévenu de cela. Le saignement reste modéré. Dans le sperme il existe par contre un saignement qui peut durer jusqu’à un mois ceci est sans aucune gravité. Il faut néanmoins s’assurer que le patient ne prend pas d’anticoagulants avant la réalisation de la biopsie. Dans certains cas un aménagement de ce traitement doit être temporairement envisagé un risque de saignements après la biopsie. Il est également recommandé de se reposer le jour de la biopsie. Le lendemain une activité normale peut être envisagée.
  • Un risque d’infection après la biopsie. Ce risque est d’environ 2 % malgré toutes les précautions et la préparation préalable à la biopsie (vérification de l’absence d’infection urinaire ,antibiotique et lavement rectal). Ce risque est inhérent au déroulement de la biopsie puisque le prélèvement se fait à travers la paroi du rectum.Le patient est prévenu de ce risque infectieux. Il peut survenir soit le jour même soit dans les trois à quatre jours qui suivent la biopsie. Le tableau infectieux est souvent marqué avec une fièvre élevée, des frissons. Il convient de contacter son urologue immédiatement pour qu’un traitement antibiotique injectable  puisse être préconisé.

La nouveauté : les biopsies de prostate sous fusion d’image

C’est une technologie récente. Le principe consiste à faire superposer (fusionner) l’image de l’échographie utilisée lors de la biopsie de prostate avec celle de l’I.R.M. préalablement réalisée et qui a retrouvé une cible cancéreuse potentielle. En effet, parfois la zone cible vu à l’I.R.M. n’est pas retrouvée à l’échographie.Cela permet lors de la biopsie, d’avoir l’assurance que les prélèvements se font bien dans la zone de la cible de l’I.R.M. et d’augmenter ainsi le rendement diagnostique de la biopsie. Dans certains cas, cela permet également de diminuer le nombre de prélèvements, ceci pouvant n’être réalisé que dans la cible.

La biopsie prostatique est donc ainsi idéalement réalisée en collaboration avec nos confrères radiologues.

Conclusion

La biopsie prostatique est une étape essentielle du diagnostic du cancer de prostate. C’est un geste rapide qui se déroule sous anesthésie locale (aujourd’hui très efficace) et peu douloureux.

Son but n’est pas seulement le diagnostic du cancer mais aussi sa caractérisation précise, il n’y a pas un cancer mais des cancers de prostate. Les risques de la biopsie sont faibles, dès lors que les recommandations données sont bien respectées.

Pour en savoir plus, consultez le référentiel de pratiques pour la détection précoce du cancer de la prostate.